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Critique du premier film de Rudi Rosenberg, Le Nouveau

Benoît débarque dans son nouveau collège parisien. Si les premières semaines sont difficiles - rejeté par les types les plus cools de sa classe et amoureux de la jolie suédoise inaccessible –il va rapidement sympathiser avec les ringards et la handicapée de service. Cool…

Le teen movie est un genre aussi ingrat que la tranche d’âge à laquelle il s’attaque. Face aux avatars américains, le made in France semble en plus complètement à la traîne sur le sujet. La version girl et XVIème de LOL empruntait un chemin trop balisé, un peu démago. Son pendant mec et provincial, les Beaux Gosses, était trop ironique et ramenard pour être honnête. C’est là que déboule Le Nouveau. Le premier film de Rudi Rosenberg explose les carcans de la teen comedie avec des choix qui ressemblent parfois à un suicide. Refus d’un arc narratif calibré, refus du cliché et du portrait rassurant, volonté de prendre constamment son spectateur à revers dans les sentiments… Rosenberg cherche le point d’équilibre, la justesse. Et ce qui trouble le plus c’est le fil sur lequel son film danse gracieusement.

L'interview wild du réalisateur et des acteurs

Entre chronique légère et film grave qui tord le bide, le cineaste déstructure (des attitudes, des comportements) pour mieux reconstruire et montrer ses héros sens dessus dessous. On est à mi chemin entre La Boum (le film générationnel fédérateur) et le réalisme libertaire des premiers Doillon, entre la mélancolie de John Hughes et les vannes potaches de Patrick Schulman. C’est précisément là que Le Nouveau réussit à capter l’essence ado d’une manière soufflante. Le cineaste est épaulé par un casting dément, des enfants sauvages d’un naturel confondant. Mais ça tient surtout à la manière dont ils sont filmés. Rosenberg ne traite jamais ses personnages comme des “héros”, mais il leur donne le degré de cruauté et l’absence d’empathie qui caracterise cet âge. Ici, pas de clin d’oeil appuyés, pas de references gogoles; juste des observations calculées, fines, marrantes qui renvoient au fond à notre propre adolescence, à ce moment où tout se joue, où les mecs et les filles forment une foule sentimentale en ébullition, shootée avec ce qu’il faut d’attention affectueuse, mais sans ménagement. Mine de rien, on vient de découvrir que le teen-movie à la française n’était pas qu’une vue de l’esprit ni une entreprise vouée à l’échec.