A Hollywood, les négociations entre les acteurs et les studios sont au point mort

Ça coince sur les questions de l'IA et de la rémunération liée aux diffusions en streaming...

Si la grève des scénaristes s'est achevée fin septembre, les négociations entre la WGA et les studios de cinéma et de streaming hollywoodiens ayant abouti à une nouvelle réglementation, on est encore loin d'un accord entre ces mêmes firmes et la SAG-AFTRA, le syndicat des acteurs. Celui-ci a officiellement rejoint le mouvement à la mi-juillet, et depuis, les deux parties ne parviennent pas à se mettre d'accord sur plusieurs questions, ce qui fait qu'aucune date de fin de la grève n'est pour l'instant prévue.

Le LA Times explique ainsi que la dernière rencontre entre les portes paroles du syndicat et ceux de Disney, Universal, Netflix, etc., organisée mercredi, s'est soldée par un échec, car plusieurs demandes ont été refusées par les studios. Notamment la requête pour les acteurs de gagner 2% des recettes enregistrées par la diffusion de leurs films ou séries en streaming. Les compagnies justifient ce refus en expliquant qu'elles perdent actuellement de l'argent dans ce domaine et qu'elles doivent trouver un moyen de faire la transition entre le business de la télévision payante et celui du streaming.

L'idée de payer davantage les acteurs en se basant sur le nombre d'abonnés d'une plateforme a été évoquée, mais là aussi rejetée. La guilde proposait de puiser un dollar par abonné pour les reverser contractuellement aux comédiens, mais les studios ont calculé que cela leur ferait perdre globalement 800 millions de dollars par an.

La question de l'utilisation d'intelligences artificielles crée également le débat. On a appris récemment que des figurants de WandaVision avaient été entièrement scannés (corps et visage) pour que leur "double numérique" puisse être réutilisé par Disney pour d'autres productions de Marvel. Afin de les faire apparaître en arrière-plan dans des scènes de foule, par exemple. Un concept qui a fait scandale, car les comédiens en question n'ont pas été payé en plus pour effectuer ce scan, et potentiellement, la firme n'aura plus desoin de faire appel à eux à l'avenir, puisqu'elle aura leur image à disposition. Pour une centaine de dollars, réglés une unique fois via leur cachet de figuration pour une journée de travail.

Le syndicat des acteurs souhaite que cette pratique disparaisse, sauf si les figurants en question signent un accord stipulant précisément dans quel cadre sera utilisée leur image, combien de fois, et qu'ils soient payé spécialement pour le scan. Là aussi, la demande a été refusée, les studios craignant qu'en signant une telle requête, ils ne puissent diffuser les contenus pour lesquels ce dispositif a déjà été mis en place.

Comme par exemple dans Prom Pact, une romcom sortie sur Disney+ en mars dernier, qui refait surface depuis quelques heures à cause de cette courte séquence, qui montre clairement de faux spectateurs, créés à 100% en numérique à partir d'un scan de figurants :

L'effet est raté, une partie du public étant clairement artificielle, on tombe ici dans l'"uncanny valley". Mais ce n'est pas tant la mauvaise qualité que l'aspect moral qui choque ici, et qui sert de parfait exemple aux dérives que le syndicat dénonce.

Leurs partenaires scénaristes ont justement réussi à faire interdire une autre forme d'utilisation des IA qui était en cours de développement : ils ont fait promettre aux studios de ne pas faire adapter de romans classiques en scripts par des logiciels, avant d'embaucher de véritable scénaristes pour les retravailler. Ce principe commençait à être développé, et avait été dénoncé dès le début de la grève. Il est à présent interdit, les producteurs s'engageant à embaucher de véritables auteurs pour écrire les histoires de leurs films et séries.

La SAG-AFTRA a déjà prévenu que la grève pourrait se maintenir jusqu'en 2024, si les studios ne respectaient pas leurs demandes. Elle est particulièrement suivie, de nombreuses stars participant aux manifestations, racontant leurs propres galères à Hollywood et/ou faisant des dons pour la collecte de soutien aux plus précaires.