Andrew Garfield défend la Méthode : "Ce n'est pas une excuse pour être un con avec tout le monde sur un plateau !"

L'acteur explique s'être investi à fond pour Silence, de Martin Scorsese. Sans pour autant être désagréable avec l'équipe du film, bien au contraire.

"Vous ne savez pas de quoi vous parlez si vous pensez que cette technique de jeu, c'est de la merde." Invité par Marc Maron à parler de sa carrière dans son podcast, Andrew Garfield n'y est pas allé par quatre chemins pour défendre la "Méthode", une technique de jeu enseignée à New York, qui a notamment eu comme élèves Marlon Brando, Robert de Niro ou Daniel Day-Lewis, mais qui a récemment été vivement critiquée par David Harbour (Stranger Things) ou Mads Mikkelsen (Drunk). 

"Il y a des tas d'idées reçues sur la Méthode, je trouve. Il y a des gens qui apprennent toujours à jouer de cette façon, et ce n'est certainement pas une excuse pour agir comme un con avec tout le monde sur un plateau ! Au contraire, il s'git de s'impliquer pleinement, de vivre à fond certaines situations imaginées, tout en étant parfaitement correct avec les équipes en même temps, savoir agir comme un être humain normal, puis de pouvoir basculer dans votre rôle quand vous en avez besoin, ou bien de rester dedans si vous le sentez. Je suis ennuyé par cette mauvaise façon de la concevoir, par ceux qui disent que 'cette façon de jouer, c'est un p*** de mensonge.' Non, vous ne savez pas de quoi vous parlez si vous pensez que cette technique de jeu, c'est de la merde ou que vous avez travaillé avec quelqu'un qui vous racontait ça. C'est aussi quelque-chose de très personnel. Je n'aimerais pas que quelqu'un vienne fouiller dans mes WC. Je ne veux pas non plus qu'ils connaissent ma recette, je fais ça à ma sauce."

Au cours de l'entretien, il prend pour exemple le tournage de Silence (2016), de Martin Scorsese, dans lequel il jouait un croyant dont la foi était lourdement mise à l'épreuve. Pour préparer le film, il avoue avoir participé à une retraite spirituelle d'un mois, mais aussi avoir suivi un régime drastique, allant même jusqu'à s'affamer quelques jours pour ressentir la faim vécue par son personnage et ce que ce manque de nourriture pouvait avoir comme impact sur son esprit. Idem côté sexe : il reconnaît que le fait de ne pas avoir eu de relations durant cette période l'a aidé à mieux comprendre ce personnage qui avait fait voeu de chasteté. Des privations décidées par lui-même, durant une courte période, qui lui ont permis de mieux appréhender son rôle, sans pour autant avoir de répercussions négatives sur sa relation avec les membres de l'équipe du film. Il explique d'ailleurs que travailler sous la direction de Scorsese fut une expérience complètement positive pour lui : "Il est marrant, c'est un mec fun, qui connaît des tonnes de choses sur le cinéma, l'histoire, la culture et les gens, et qui adore simplement être une personne." Il ajoute en rigolant être passé par toutes sortes d'émotions quand il a été choisi pour ce rôle de Jésuite face à Adam Driver, Liam Neeson et Ciaran Hinds : "Vous passez de l'une à l'autre : excitations totale, trépidation, vous vous pincez, vous avez d'un coup totalement conscience de la chance de faire partie de cette poignée de gens qui peuvent travailler avec le maître du cinéma américain. Bref, quand je suis arrivé en ressentant tout cela, il a su me calmer, tout simplement parce qu'il est désarmant, très ordinaire malgré tous ses aspects extraordinaires."