Intolérable cruauté
Universal

La star avouait jalouser un peu son partenaire de jeu, George Clooney, qui tient un rôle bien plus fun que le sien dans cette comédie.

En 2003, Intolérable cruauté avait surtout marqué les esprits pour la performance de George Clooney. Quelques mois après l'avoir mis en couverture de Première pour son film Confessions d'un homme dangereux, la rédaction écrivait à propos du comédien américain à quel point il était "absolument épatant" devant la caméra des frères Coen.

Il retrouvait alors le duo après l'acclamé O Brother (en 2000), et leur a depuis refait confiance pour Burn After Reading (2008) et Avé, César (2016). Sans compter que la propre réalisation de l'acteur, Bienvenue à Suburbicon, avait été coécrite avec eux et Grant Heslov.

Pourtant, au moment de la sortie de cette comédie, c'est Catherine Zeta-Jones qui était interviewée dans Première. Et elle avouait à Stéphanie Lamome être un peu jalouse de leur complicité sur ce projet. Sans compter qu'à côté de George "Clowney", qui tient un rôle très amusant dans Intolérable cruauté, elle interprétait un personnage bien moins sympathique.

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"Bien sûr, moi aussi j’aimerais trouver un réalisateur avec qui je communique par télépathie, s'exclamait-elle, interrogée sur la complicité entre les trois hommes. J’adorerais être le Robert De Niro d’un Martin Scorsese, forcément. George a cette relation avec les frères Coen, et je l’envie. Ensemble, ils ont leur propre délire, ils sont insensés, il faut les voir pour le croire !"

Plus moqueuse, elle racontait alors une drôle d'anecdote : "George a un truc spécial avec les chiens, un penchant bizarre qu’il partage avec Joel et Ethan et qui n’appartient qu’à eux ! Il y avait trois chiens sur le plateau, et je peux vous dire que c’était eux les vraies stars du film, pas moi ! Ils piquaient des crises de fous rires dès que l’un d’eux mettait une patte sur le plateau. Ils pouvaient passer des heures à les attifer n’importe comment, c’était leur passe-temps favori ! Inquiétant, non ?"

Intolérable cruauté
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Tout à fait sérieusement, Catherine Zeta-Jones reconnaissait aussi être à un tournant de sa carrière, juste après son Oscar du meilleur second rôle féminin reçu pour la comédie musicale Chicago, et avoir très envie d'incarner des personnages moins durs. Extraits.

"Quand les frères Coen, dont je suis fan, m’ont demandé de jouer le rôle de Marylin, j’ai ressenti une grande fierté. Je venais juste de finir Chicago quand Joel m’a appelée. Je ne savais plus quoi faire, je me demandais de quoi je pourrais bien encore avoir envie après un tel film, convaincue que le reste de ma carrière allait être un vaste gâchis, une perte de temps. Jusqu’à cet appel..."

(…)

"C’est vrai que mes personnages sont souvent du côté du mal ! Dans Chicago, je jouais une femme qui mentait à la barre, comme Marylin ! Je ne dois pas représenter exactement la quintessence de la sympathique voisine d’à côté aux yeux des réalisateurs. C’est un manque d’imagination de leur part.

(...)

Cela dit, Marylin a un cœur dur, mais ce n’est pas une garce irrécupérable, elle n’est pas vraiment consciente du chaos qu’elle laisse derrière elle. Elle est aimable malgré tout; sinon elle n’aurait pas autant de maris. Les hommes ne tombent pas amoureux de femmes au cœur de pierre avec des visages de salope, c’est moi qui vous le dis...

(...)

C’est vrai que j’aimerais aller un peu plus loin dans la comédie, avoir des rôles plus délirants. J’en ai marre de toujours jouer les filles un peu sévères. Non pas que je veuille monter sur la table et faire le pitre en débitant des blagues... Quoique, si c’est écrit dans le script, je peux m’arranger, mais je n’ai pas ça dans la peau, contrairement à George, qui possède un sens du timing incroyable. Je ne suis pas très fan de l’humour scato non plus. Ça ne me fait pas rire, ça me fait vomir. Mais jouer les nunuches qui glissent sur des peaux de banane, ça, ça me plairait. Et, pourquoi pas, aller du côté cartoon que George exploite dans le film? Ma formation de danseuse pourrait m’y aider."

Intolérable cruauté
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Juste après ce projet, Catherine Zeta-Jones a effectivement obtenu un rôle "plus doux" chez Steven Spielberg, dans Le Terminal, mais elle a par la suite rejoué des femmes "un peu sévères" (comme Morticia Addams dans la série Mercredi, récemment), voire carrément maléfiques, à l'image de son incarnation de la narco-trafiquante Griselda Blanco dans le téléfilm La Reine des Cartels, en 2018.

Enfin, la comédienne expliquait dans Première avoir senti que l'alchimie fonctionnerait avec son partenaire de jeu, détaillant l'avoir brièvement croisé à l'avant-première de Traffic avant qu'ils soient tous les deux choisis pour Intolérable cruauté.

"Je sentais instinctivement qu’entre George et moi, ça pouvait marcher, mais ce n’était pas gagné d’avance. Deux très bons acteurs peuvent ensemble ne faire aucune étincelle à l’écran et leur addition donner quelque chose de nul. Mais j’avais un pressentiment. (…) (avant notre première scène, celle du restaurant, ndlr), on n’avait jamais répété ensemble. C’était une véritable danse, physique et mentale, entre George et moi, une chorégraphie dont il fallait trouver le tempo. Dès les premiers rushes, on a su."

Révélant avoir très envie de retourner avec lui, elle a réalisé ce souhait seulement un an plus tard grâce à Steven Soderbergh, qui l'a invitée au casting d'Ocean's Twelve. Détail amusant : le tout premier échange que les deux comédiens ont tourné ensemble dans Intolérable cruauté a été filmé dans un restaurant déjà utilisé comme décor d'Ocean's Eleven, mais le temps d'un dialogue entre George Clooney et Julia Roberts. Exactement à la même table !