"En m'entraînant, je repensais aux tombes du peuple Osage, celle de la mère, des sœurs, du père et de la petite fille", raconte le réalisateur.
L'épopée tentaculaire Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese contient un moment puissant, situé à la fin des trois heures et demie de récit.
Adapté du livre de David Grann, le film transpose le drame du peuple Osage, massacré silencieusement par des Blancs avides dans les années 1920 en raison de leur enrichissement. Martin Scorsese reprend cette impitoyable diégèse où plane le drame conjugal, avec à la tête Mollie Osage, interprétée par Lily Gladstone et Leonardo DiCaprio dans la peau de Ernest Burkhart.
A l'issue procès qui conclut le film, nous faisons un saut dans le temps pour nous retrouver dans l'enregistrement d'une pièce radiophonique racontant le drame des Osage. Tous les acteurs sont blancs, et l'enregistrement, rythmé par des effets sonores, se déroule devant un public ravi. On leur a conté la belle histoire, sponsorisée par Lucky Strike, d'une grande enquête rondement menée par les héros du FBI. Une rupture de ton radicale par rapport au film qu'on vient de voir.
La séquence devient encore plus méta quand Scorsese apparait sur scène. Le ton redevient grave et le réalisateur décrit comment Mollie a succombé à son diabète quelques années plus tard, après avoir divorcé d'avec Ernest. Aucune mention des meurtres n'est apparue dans sa nécrologie.
Martin Scorsese et le co-scénariste Eric Roth se sont confiés à EW, ces derniers expliquent que la scène finale a évolué au fil du temps. Les deux compères tenaient à ce que Killers of the Flower Moon se termine sur une note non traditionnelle.
"Une des choses dont nous discutions était le fait que – pour l’amour de Dieu – après tout, cela devient un divertissement. Et vous pouvez dire que ce film devient lui-même un divertissement, auquel cas nous devons en assumer la responsabilité. Nous espérons que c’est un divertissement avec une certaine profondeur et un enrichissement qui se rapproche d'une sorte de vérité."
À l’origine, Martin Scorsese et Eric Roth ont imaginé une fin différente de ce qui est proposé à ce jour. Eric Roth a écrit l’hommage final du film à Mollie Burkhart, en supposant que Martin Scorsese trouverait un acteur pour lire ces dernières lignes. Au lieu de cela, le réalisateur lui-même s’est porté volontaire pour lire ces lignes. Brisant le quatrième mur, Martin Scorsese n’est pas étranger à la réalisation de caméos dans ses propres films. Cependant, le réalisateur oscarisé a expliqué que ce caméo est arrivée innocemment.
"Je ne savais pas comment l'amener. Je ne pouvais pas demander à un acteur de le faire, alors j’ai dit : 'Laissez-moi essayer'. On le tente, et si ça ne marche pas, je pense pouvoir guider un acteur", raconte Martin Scorsese.
"Je ne savais pas que Marty l’avait fait. Je regardais le film, et j’ai dit : 'Qu’est-ce que c’est que ça ?' J’étais tellement ému. Il y a une mise en abyme, c'est Marty qui raconte l'histoire. J’ai presque commencé à pleurer parce que j’étais tellement ému. Je trouvé Marty merveilleux", explique Eric Roth, co-scénariste.
Le jour de du tournage de la scène, Martin Scorsese a été rejoint par sa famille, sa femme, sa fille et sa petite-fille. Alors qu’il s’approchait du micro, dit-il, il s’est remémoré les amis qu’il s’était faits en Oklahoma et le temps qu’il a passé à visiter les tombes des victimes Osage.
"En répétant, je repensais à ces tombes : de la mère, des sœurs, du père et de la petite fille du peuple Osage. Je l’ai dit. Je l’ai fait. Et finalement, tout le monde s’est figé et a dit : C’est peut-être ça. Peut-être que c’est la bonne façon de clôturer. C'était mieux que de mettre fin au film de façon conventionnelle"
Killers of the Flower Moon est disponible en salle.
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