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Le Tribunal Administratif de Paris a débouté la requête d’associations visant à classer plus sévèrement Sausage Party.

Sausage Party a-t-il fini de faire parler de lui pour des considérations autres que cinématographiques ? Après avoir animé l’été (sortira, sortira pas en France ?), puis la rentrée (interdit aux moins de 12 ou de 16 ans ?), le film d’animation de Conrad Vernon et Greg Tiernan est au centre de la polémique depuis sa sortie, le 30 novembre dernier. En cause : le caractère pornographique et vulgaire du film, en tout cas jugé comme tel par diverses associations, en têtes desquelles l’inévitable Promouvoir, qui a déjà réussi par le passé à infléchir les classifications de Nymphomaniac, La vie d’Adèle, Love ou Antichrist.

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Dans son ordonnance du jour, le Tribunal Administratif de Paris a répondu point par point aux arguments avancés par les requérants. Et le moins qu’on puisse dire c’est que le juge des référés, Mme Weidenfeld, a pris très au sérieux sa mission. Les explications qu’elle donne pour justifier le rejet de la requête sont même assez savoureuses. En voici un florilège :

« Considérant que l’aspiration par une poire à lavement du contenu d’une brique de jus de fruit ne peut être interprétée comme évoquant une agression à caractère sexuel que par des spectateurs en capacité de se distancier par rapport à ce qui leur est donné à voir »

« Considérant que, d’autre part, si, au cours de la dernière séquence du film, durant trois minutes, des aliments et autres produits de consommation, dont aucun ne figure au demeurant un mineur, simulent explicitement  diverses pratiques sexuelles, cette scène se déroule dans un univers imaginaire, d’ailleurs expressément présenté comme une « illusion », et ne peut être interprétée comme incitant le spectateur mineur à en reproduire le contenu »

« Considérant qu’enfin, si les dialogues emploient des termes crus, qui jouent souvent sur les polysémies, les locutions grossières ou obscènes, dont une partie n’a d’ailleurs été traduite ni dans le sous-titrage ni dans le doublage français, sont, quelque regrettable que soit cette circonstance, répandues dans l’univers quotidien des jeunes adolescents et ne paraissent, de fait, pas de nature à choquer des mineurs de plus de douze ans »

Pour clore le débat (et d’éventuels recours ?), le juge conclut son plaidoyer en disant que l’interdiction aux moins de 12 ans, « exceptionnelle s’agissant d’un film d’animation », et le caractère explicite de la bande-annonce quant à la nature subversive du film lui paraissent être suffisants pour que les gens (sous-entendu, les parents), en fonction de « choix éducatifs d’ordre privé », s’en prémunissent.