Hier soir, c'est donc La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino qui a remporté les EFA 2013 et repartait avec les quatre principaux trophées de la soirée - dont celui du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur. Une récompense plus que légitime puisque dans ses références, dans son ADN même (Fellini, la littérature - française et italienne - et les arts contemporains sont convoqués), l'histoire de ce romancier en pleine crise existentielle s'impose comme le chef d'oeuvre ultime de Sorrentino mais aussi comme un tombeau à la culture européenne. On ne sait pas ce que cela augure pour la cérémonie des Oscars (où ce film représentera l'Italie), mais une chose est sure, jamais les EFA n'ont aussi bien porté son nom. European Film Awards donc, qu'on envisage souvent comme une antichambre des Oscars, mais dont on oublie qu'ils sont aussi une manière de célébrer la diversité d'un cinéma européen. Qu'est-ce que cela veut dire ? C'est précisément la question qu'on a posé aux stars qui foulaient hier soir le tapis rouge et berlinois. Evidemment, et comme le rappelle Abdellatif Kechiche (grand perdant de la soirée), "le cinéma est d'abord universel". Mais au-delà de cette évidence, Kristin Scott Thomas, prototype de l'actrice européenne (elle venait défendre le film d'un danois, est d'origine anglaise et travaille beaucoup en France), KST donc rappelait que "la culture européenne est tellement riche, tellement diverse, qu'il faut la défendre et la célébrer". Ce qui ressort finalement de cette soirée c'est que, face au modèle dominant et glouton du cinéma des studios, la culture européenne doit être protégée, valorisée. Il suffit de lire le palmarès - beaucoup de chef d'oeuvre du Congrès de Ari Folman à Alabama Monroe ou Blancanieves - pour s'en convaincre : le cinéma européen reste une force et une proposition artistique essentielle. Surtout lorsqu'elle produit des films aussi puissants que La Grande Bellezza ou La Vie d'Adèle.