Toutes les critiques de La-bas... mon pays

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    C'est l'histoire d'un journaliste. Une célébrité de l'audiovisuel. Il paraît heureux. Tout lui réussit. Mais sa véritable identité, il l'a laissée il y a 30 ans dans un bled pourri (pour certains) qui fut surnommé "La Blanche".
    Il appartenait à cette catégorie de gens qu'on appelait les Pieds-noirs. Il venait d'Algérie. Il avait aimé une Arabe. A l'époque, cela ne se faisait pas. Comme de se balader seul dans la Casbah, repère du célèbre Pépé-le-Moko. Trente ans plus tard, il décide de revenir, de reprendre ses habitudes, de sentir les palmiers du port d'Alger, de goûter ce fameux Sélecto, d'écouter ses proches... de se sentir Algérien.Arcady a toujours été le cinéaste du souvenir. Dès ses premiers films, il s'obstinait à filmer ce que tout un peuple avait décidé d'oublier. La naïveté des ses débuts faisait énormément sourire. Quelques erreurs (L'Union Sacrée - Pour Sacha - K.), quelques charmes (Le Coup du Sirocco - Le Grand Carnaval), quelques maladresses cinéphiliques (Le Grand Pardon 1 et 2) mais toujours cette aptitude à vouloir filmer le vrai.Là-bas mon pays est un tournant dans sa carrière. Pour la première fois de sa vie, Arcady a pu filmer dans le décor de ses rêves : L'Algérie. Pour la première fois, il a pu se rendre dans l'appartement de son enfance. Pour la première fois, il s'est focalisé sur les deux côtés de la barrière. S'intéressant à deux périodes qui ont marqué sa vie (La Guerre d'Algérie et le rapatriement - la Guerre civile qui débuta en 1995), Arcady choisit de retracer deux histoires parallèles : l'adolescence et la maturité dans une situation explosive. Forcément on pense au cinéaste du Grand pardon et à celui d'aujourd'hui. Les propos sont clairs.Le bonheur d'Arcady explose dans chaque plan. Et c'est ce qui parfois lui fait cruellement défaut. On sent le désir du cinéaste de vouloir comprendre. Toutefois, il n'arrive pas à éviter les pires poncifs du genre : mélodrame exacerbé - didactisme affligeant - romance inutile épurée à son maximum. Tout comme Spielberg avec sa Liste de Schindler ou bien Tavernier dans Ca commence aujourd'hui, Arcady ne réussit pas sa mise en propos. On a cette impression désagréable de subir un chantage affectif.Arcady a changé. Il écoute et cela se voit. Ses personnages sont plus consistants. Ils paraissent sereins pour l'avenir. Le personnage du journaliste (magnifique Antoine de Caunes) lutte sans cesse. Il ne baisse jamais les bras. Mieux encore, il décide de se fondre dans la foule car ce sont ses frères qui le recueillent. L'étranger n'est plus celui que l'on croit. Il est né en Algérie... Il mourra là-bas dans son pays.Là-bas mon pays
    De Alexandre Arcady
    Avec Antoine de Caunes, Nozha Khouadra, Samy Naceri
    France, 2000, 1h54.