Pioneer

Le réalisateur "d’Insomnia", dont l’Amérique aime décidément les films, puisque George Clooney a déjà acquis les droits de celui-ci, livre un thriller classique dans sa forme. Mais il fait la différence sur le fond grâce à l’histoire méconnue de l’extraction pétrolière en Norvège dans les années 80 ici expliquée : plongées dans les grandes profondeurs, guerre des pipelines, utilisation de cobayes humains et erreurs de manipulation. Sur les pas du héros (Aksel Hennie, formidable), on est happé par un univers et un engrenage impitoyables.

Des images de toute beauté ponctuent cette enquête fébrile, désespérée. Évidemment, on a deviné qui étaient les méchants. Cela ne veut pas dire que les coupables seront punis. Il faut bien que les voitures aient du carburant, non? C'est noir, efficace, nerveux, comme on aime.

Le scénario joue sur la corde émotionnelle et quasi physique des spectateurs en développant un climat paranoïaque, celui qui gagne progressivement les héros du film. Tourné dans les profondeurs d'un lac islandais d'une vertigineuse clarté, ainsi que dans les paysages des fjords balayés par le blizzard, "Pioneer" possède une beauté glaçante qui tranche avec l'aspect vintage de ces installations d'une autre époque.

Comme spécimen d’un genre, "Pioneer", malgré son enchaînement de péripéties à potentiel anxiogène, manque singulièrement de nervosité, d’intensité, de pleine prise avec le danger à l’œuvre, que ce soit dans la mise en scène fonctionnelle mais peu inspirée ou dans le jeu timide des acteurs.

Tout le monde joue double jeu, voire triple, dans une lutte de pouvoir implacable. L'imbroglio devient tellement obscur que le suspense se délite. Le metteur en scène doué "d'Insomnia" et de "Hold-up" s'est perdu en eaux beaucoup trop troubles.

Les scènes sous-marines, presque documentaires créent un climat original, souvent envoûtant.

Erik Skjoldbjaerg a vraiment le chic pour distiller une tension, capter l'atmosphère d'un lieu, exploiter un sujet en or. Comme toujours avec ce cinéaste, le résultat se révèle passionnant mais inégal, perfectible...

Malgré ces quelques maladresses scénaristiques, il faut néanmoins saluer le travail d’Erik Skjoldbjaerg et de son équipe qui accomplissent avec "Pioneer" un travail visuel et sonore profondément éprouvant pour le spectateur.

Un beau thriller, efficace, inspiré d'une histoire vraie (encore) qui met le doigt, là où ça fait mal.

L'expérience vaut le détour et sauve le film d'un scénario rocambolesque qui, aussi "inspiré de faits réels" soit-il, finit par agacer. Au fur et à mesure de ses rebondissements, l'enquête menée par le héros fait davantage figure de distraction importune que de ciment narratif.

Le film tourne au thriller, un peu redondant mais intrigant, avec en filigrane les secrets de l’or noir norvégien, jusqu’ici bien gardés.

Malgré de splendides images sous-marines, ce thriller pèche par une mise en scène qui reconduit la sensation claustrophobe des espaces où évoluent les plongeurs.

Ce film évoque de manière fascinante mais incomplète un scandale norvégien qui a concerné les premiers plongeurs des exploitations off-shore au début des années 1980.