Redacted, revu et corrigé

En pleinte autocitation, De Palma expériemente, intrigue mais n'évite pas la complaisance, confondant souvent information et exhibition lorsqu'il assène en gros plans viols et décapitations. Pas que l'on soit pour la politique de l'autruche, mais avant de filmer ce genre d'images, mieux vaut se munir d'un discours un peu plus puissant que: "La guerre, c'est mal".

Certains vont dire: encore un film sur la guerre en Irak... Mais celui-ci le détour parce que, en révisionnant le très réussi Outrages (1990), sur la guerre du Vietnam, on constate combien la maîtrise de ce genre de cinéma par Brian de Palma est totale. Inspiré d'une histoire vraie, ce Redacted a tout d'un film politique: la brillante dénonciation et la démonstration d'une guerre de trop.

Redacted n'est pas un film de plus sur la guerre en Irak. Il dénonce non seulement les ravages de la guerre mais surtout ceux causés par la manipulation des images. Au-delà du choc provoqué par celles-ci, c'est une réflexion sur leur pouvoir déformant que propose le réalisateur.

Dans Redacted, Brian De Palma expose la tragédie irakienne à travers un incident au cours duquel des soldats américains auraient violé une adolescente de 14 ans, brûlé son corps et massacré sa famille. Cette oeuvre pamphlétaire, Lion d'argent au dernier Festival de Venise, dénonce les conséquences d'une autre guerre absurde.

Délaissant tout effet de style, il livre un brûlot filmé façon reportage, restituant avec un réalisme insoutenable le quotidien de GI's. Inspirée de faits réels, cette charge contre la folie belliciste est aussi une âpre réflexion sur le pouvoir de l'image.