Takers

S'il échoue, encore, à forger un vrai suspens (la classique double trahison/manipulation) à force de suivre des rails trop usées, Takers séduit par son mouvement, sa construction en cascade, multipliant les pics et les chutes, d'un bord comme de l'autre des (trop ?) nombreux intéressés. Il a surtout le cachet d'un pur cinéma de série, à la lettre : rien d'artisanal, juste une mécanique d'usine avec un casting pris pour sa seule cinégénie (Paul Walker, Hayden Christensen, Matt Dillon). La copie n'est pas meilleure que ses originaux, et elle finira très vite bradée en DVD à 1 euro, mais elle renvoie sans honte à ce qu'il y a d'industriel à Hollywood. Une certaine idée du genre aussi, prompt à se reproduire machinalement, jusqu'à miser sur la potentielle amnésie ou bonne volonté du spectateur. Si Takers n'a pas le professionnalisme des nouveaux techniciens de surface de l'action (au hasard Louis Leterrier), il entretient malgré tout celui d'une tradition désormais centenaire qui débuta avec le western. On pourra lui reprocher son manque de style, d'efficacité voire d'identité, pas d'être simple, rapide et fidèle à une essence de la série B. Finalement, il ne pouvait pas trouver meilleur titre.

Et ne cherchez pas dans ce deuxième film de John Luessenhop (mais le premier à sortir en France) la moindre innovation dans l'univers codifié du film de braquage et son cortège de flics honnêtes comme ripoux qui l'accompagne. Pour autant, l'efficacité de l'ensemble n'est jamais prise en défaut, en particulier dans la scène spectaculaire de l'attaque du fameux fourgon blindé. Mais cette série B qui se voit sans déplaisir s'oublie dès qu'on quitte la salle.

Takers, petit polar de derrière les fagots, suit les tribulations d'une bande de braqueurs résolus à s'emparer de la coquette somme de 20 millions de dollars contenue dans un fourgon blindé. John Luessenhop leur envoie dans les pattes le flic Matt Dillon, empêcheur de cambrioler en rond. Si l'originalité n'est pas l'atout principal du film, l'énergie de sa mise en scène et de ses comédiens (Paul Walker et Hayden Christensen en tête) en font un divertissement solide fort amusant pour qui a envie de jouer aux gendarmes et aux voleurs.

Malgré son casting un poil artificiel — acteurs issus du rap ou de séries télé en vogue, personnages aux allures de gravures de mode —, « Takers » a le charme d’un thriller bien huilé et fertile en rebondissements.
Et ça fait du bien de retrouver Matt Dillon dans un rôle de flic teigneux qui lui va comme un gant.

(...) C'est là qu'ils concoctent leur dernier, le plus juteux, celui qui les mènera jusqu'à la retraite. Et rien ne se passera comme prévu. Enfin, comme prévu par les braqueurs, parce que le spectateur, lui, a tout deviné depuis longtemps.

Chaque personnage (un bien grand mot pour ces silhouette sans consistance) porte son destin sur son front : celui-ci mourra très tôt dans l'histoire, cet autre trahira, etc. Il a fallu quatre scénaristes pour arriver à ce résultat, c'est un signe inquiétant du déclin de la productivité dans l'industrie des biens de consommation aux Etats-Unis.