DR

Al Gore nous parle de réchauffement climatique, de Futurama, de Veep et de Jar Jar Binks.

11 ans après Une vérité qui dérange, l'ex-futur président des Etats-Unis Al Gore, VRP de l'écologie et Prix Nobel de la Paix revient à Cannes casser la figure au réchauffement climatique dans Une suite qui dérange - Le Temps de l'action. Nous avons rencontré Al Gore en mai dernier, au Festival de Cannes, où le documentaire était présenté. Alors, Al, cette fois, c'est la guerre ?

Vu le titre du film, vous avez fait une suite avec plus d'action comme un bon blockbuster hollywoodien ?
Haha, non, l'idée c'était vraiment de fournir une « mise à jour » du précédent documentaire. Il y a onze ans, on n'avait pas de solution technologique au réchauffement climatique. Aujourd'hui les solutions existent et c'est mon job de les présenter au public. De tenter de changer les mentalités.

Il y a ce moment intense où vous débarquez à Paris pour parler à la COP 21, et là les attentats du 13 novembre éclatent...
Il faudrait poser cette question aux réalisateurs, Bonnie Cohen et Jon Shenk. Ce sont eux qui ont décidé de la construction du film, de son contenu. Ils avaient carte blanche. Mais je comprends que c'est un sujet hyper sensible. Je crois sincèrement que la souffrance nous rapproche. Est-ce que ça a joué dans le succès des négotiations ? Peut-être bien.

Vous avez doublé votre personnage dans la série Futurama.
Ma seconde fille, Kristin, a écrit pour le Saturday Night Live et pour Futurama. Par elle j'ai rencontré Matt Groening et il m'a invité à doubler mon personnage. On a utilisé des images du dessin animé dans Une vérité qui dérange. Je trouve ça cool.

A la fin du film, vous allez voir Donald Trump, fraîchement élu, à la Trump Tower. Mais on ne voit pas votre rencontre. Et vous ne dites pas ce qui c'est passé. Pourquoi ?
D'abord, il faut savoir que Trump n'a pas autorisé de caméras pendant notre rencontre. Si Bonnie et Jon avaient pu rentrer dans le bureau, croyez-moi, ils l'auraient fait ! Et pourquoi je n'en parle pas ? Parce que je pense que je dois garder ces conversations avec le président Trump sous le sceau du secret pour parvenir à le convaincre de rester dans le cadre des accords de Paris. On continue à se parler en privé, à propos d'un seul et unique sujet : les accords de Paris. Après le G7, qui se tient la semaine prochaine, il annoncera sa décision. J'ai pu lui dire toutes les raisons pour lesquelles à mon avis les Etats-Unis doivent rester avec les accords de Paris. J'espère qu'il les acceptera. (NDLR : Trump a finalement retiré les USA des accords de Paris)

On espérait un happy end où vous faisiez face au méchant. Vous croyez que le film vous transforme en héros américain ?
Je n'utiliserais pas ce mot. L'important c'est le message, et pas moi. Le cinéma c'est le médium le plus puissant jamais créé pour faire passer une information à des dizaines de millions de personnes. Je l'ai appris à Cannes il y a onze ans avec le premier documentaire.

Pourquoi le cinéma est-il le plus puissant ?
Aujourd'hui l'univers de la communication est bruyant et embouteillé, dispersé dans les réseaux sociaux, plein de publicités... Le seul endroit où le public se rassemble dans une communion, éteint son portable et reçoit une information pendant 90 minutes en étant concentré, c'est la salle de cinéma. Les documentaires cinéma ont un impact énorme.

Sinon, vous regardez Veep ?
Oh oui ! C'est hilarant. Julia Louis-Dreyfus est une très bonne amie. Avant l'écriture de la saison 1, elle est venue me voir. On a passé des heures ensemble, on s'est bien marrés. Je lui ai raconté comment c'était d'être vice-président, je lui ai passé des anecdotes amusantes. Pour la saison 2, elle est même revenue me voir. Veep est super, j'adore Breaking Bad et Better Call Saul. Et Downton Abbey, comme tout le monde. The Crown aussi.

Et Twin Peaks ?
Jamais vu. Ce n'est pas un jugement de valeur, hein : c'est sur ma longue liste de séries à voir.

Bon, vous avez déjà un titre pour le troisième film "qui dérange" dans onze ans ?
J'espère surtout qu'on n'aura pas besoin d'un troisième film dans onze ans. Que les mentalités auront changé. Que la crise du climat aura été résolue. Il y a de l'espoir.

Les troisièmes films s'appellent souvent "Retour du machin" : Le Retour du Jedi, Le Retour du Roi. En 2028, on aura Le Retour du Réchauffement Climatique qui dérange ?
Ca fait peur... Méfions-nous, il pourrait même y avoir Jar Jar Binks dans le troisième film.

Vous n'aimez pas Jar Jar Binks ?
Non. Pas vous ?

Bande-annonce de Une suite qui dérange - Le Temps de l'action, en salles le 27 septembre :