Toutes les critiques de 99 Francs

Les critiques de Première

  1. Première
    par Mathieu Carratier

    Jan Kounen, qui a pratiqué ce monde parallèle pendant des années, semble aussi remonté contre la pub que frédéric Beigbeder. Son adaptation du best-seller de ce dernier n'en est que plus affûtée, attaquant le milieu comme un pitbull qui sortirait d'une grève de la faim. En passant le cap de l'écran, le texte aurait pu facilement donner lieu à un film verbeux qui se serait planqué derrière un usage abusif de la voix off. Comptez sur Kounen pour faire exactement l'inverse: une oeuvre totalement cinématographique alignant les mouvements de caméra renversants comme le cinéma français n'en a pas vu depuis un bail.

  2. Première
    par Claire Fortier-Durand

    99 francs, c’est 1h40 d’acteurs géniaux, d’idées délirantes et de tourbillons visuels. Dujardin en chef de meute, une petite dizaine de jeunes loups prometteurs à ses basques et un grand gourou déjanté derrière la caméra, on ne pouvait pas espérer mieux de l’adaptation de Beigbeder. Avec le cynisme et l’humour noir portés en bandoulière, cette pépite est Le film de la rentrée à ne louper sans aucun prétexte. Des films (français) comme ça, on n’en voit pas souvent, et pour 9.9 € , le rapport qualité/prix est plus qu’excellent.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Si 99 francs de frederic Beigbeder avait été un best-seller en son temps, son adaptation au cinéma par Jan Kounen, sept ans après, aura-t-elle le même succès ? Son 99 francs comporte globalement les mêmes forces et faiblesses que le roman d'origine mais, entre temps, on est passé à l'euros, et une nouvelle génération a débarqué.
    - Exprimez-vous sur le forum cinémaTout le monde a lu 99 francs, le best-seller de Frédéric Beigbeder sorti en 2000, c'est-à-dire avant le passage à l'euro. Mais y aura-t-il autant de monde pour aller voir son adaptation au cinéma par le réalisateur Jan Kounen, avec Jean Dujardin dans le rôle principal ? Rien n'est moins sûr. Entre temps, la rébellion anti-pub et l'altermondialisme branché ont fait long feu. La génération qui regarde la télé sur son ordi a autre chose à faire que casser de la grande méchante multinationale. Elle préfère voir le très logoïsé Brice de Nice « casser » le premier type qui passe. Ou, pire, acheter les disques pseudo-parodiques (mais extrêmement juteux) du très friqué Michaël Youn. Quant au « No logo » de Naomi Klein, elle n'en a heureusement jamais entendu parler.Pourtant, à l'heure où arnaud desplechin sévit encore et où les films de eric rohmer circulent toujours en toute impunité, 99 francs demeure rafraîchissant. Jan Kounen, grâce à son goût pour la BD, les effets spéciaux, les sujets pop ou trash, devrait même être le réalisateur le plus cool de France. Sans compter que son truc, c'est aussi et avant tout la publicité, pour laquelle il a notamment tourné des spots Peugeot ou Adidas. Cela aurait pu légitimer davantage encore son propos sur ce secteur, à la suite de l'ex créatif publicitaire Beigbeder. Mais au lieu de devenir notre "quentin tarantino" rec="0" national, Jan Kounen s'acharne depuis son premier et génial long-métrage, Dobermann, sorti en 1995, à trop vouloir en faire.99 Francs, c'est comme Tropico, c'est trop. Trop d'idées visuelles, dont certaines déjà vues (dans un certain Fight Club notamment), une séquence de dessin animé ultra-violente, une autre consacrée aux bienheureux indigènes primitifs d'une île paradisiaque… Pas grand-chose à voir avec le sujet initial, parfaitement bien traité au début du film : l'univers impitoyable de la publicité. Les scènes de « travail » en binôme, ou de réunions avec les clients de l'agence valent leur pesant de M&M's. La présence de Vahina Giocante dans le rôle de la chérie d'Octave, le double de Beigbeder, se révèle moins incendiaire qu'on l'aurait fantasmée, mais nous vaut une autre scène désopilante, autour d'un test de grossesse…Malheureusement, à l'instar du roman, le film démarre très fort puis noie le spectateur dans un gloubiboulga comico-idéologique sans climax ni chute. Question cinéma, on en a pour son argent, mais à ce tarif on s'économiserait volontiers la petite morale de bobo moyen qu'on nous assène à la fin. Dommage, par-dessus tout, que cette adaptation néanmoins originale et courageuse, ait été réalisée si tard. On ira voir 99 francs pour se souvenir d'une époque qui n'est plus tout à fait la nôtre. Comme l'affirme le leitmotiv du film : « Tout est provisoire : l'amour, l'art, la planète Terre, vous, moi ». C'est vrai, tout est provisoire. Les publicités, les modes, les monnaies, et même les meilleures idées de romans.99 francs
    De Jan Kounen
    Avec Jean Dujardin, Vahina Giocante, Jocelyn Quivrin, Patrick Mille, Elisa Tovati
    Sortie en salles le 26 septembre 2007
    Illus. © Pathé Distribution
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  2. Le JDD
    par Carlos Gomez

    99 F est un film parcouru par l'adrénaline, qui vous communique une énergie adolescente dont on ne sait que faire en sortant. Doit-on se rebeller contre le "système" ou bien danser sur son cadavre en attendant une ère meilleure? C'est la limite du propos: on ne peut qu'être "pour" ! Un mal mineur. On est là d'abord pour s'amuser. La caméra inventive de Jan Kounen fait l'honneur à la plume de Beigbeder, la trahissant en partie, mais pour lui faire un bel enfant.

  3. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    Du roman de Beigbeder à l’écran, on ne perd pas au change. Fidèle au roman certes mais visuellement très personnel, le réalisateur de Dobermann donne un film plein de trouvailles, de références, d’inventivité, percutant comme une bonne vieille pub. Octave, attachant malgré tout, pratique tour à tour l’autosatisfaction et l’autoflagellation, et crache dans la soupe avec lucidité. La pub censée faire rêver, prend un sale coup tout comme la société de consommation dont elle est le reflet et dont nous sommes les couillons paumés, amateurs d’illusions.

  4. Le Monde
    par Jean-Luc Douin

    Comme Beigbeder dans son roman, Jan Kounen signe une satire corrosive en utilisant les techniques fustigées. 99 francs, portrait d'un cocaïnomane par un bouffeur de champignons hallucinogènes, est un trip acide dopé aux slogans irrévérencieux, trouvailles visuelles et clins d'oeil (à Fight Club, In the Mood for Love, Kubrick...). On n'y est pas tout à fait sûr que les vannes débiles de ses personnages ne le font pas rire. Mais à cent lieues de tout désir d'identification, on s'y amuse aussi.

  5. Télé 7 jours
    par Julien Barcilon

    (...) Jan Kounen dégoupille une satire corrosive, (im)pertinente et divertissante. Mais ce missile anti-pub (pas franchement révolutionnaire et sans dommages collatéraux pour la cible !) vaut surtout pour le numéro "trashi-comique" de Jean Dujardin. Il crève l'écran en dandy tête à claques... et fragile : on adore le détester.

  6. Elle
    par Helena Villovitch

    Le cynisme de Fight Club, le rythme de Trainspotting, mais aussi les séquences hallucinées de Las Vegas Parano... il faut reconnaître que les films auxquels il est fait lourdement référence ne sont pas précisément des navets. Et qu'il s'en sort bien, Jan Kounen même si son "Fight club du yaourt" nous agace beaucoup. Peut-on reprocher au film adapté d'un roman crispant d'être crispant?

  7. Paris Match
    par Alain Spira

    Jan Kounen est un excellent réalisateur, mais pas encore un cinéaste. En privilégiant la forme à la narration, il nous livre une oeuvre speedée, mais qui traîne en longueur faute de prendre le temps de donner de l'épaisseur à ses personnages. Le grand problème de ce film, c'est que ses héros sont trop virtuels et caricaturaux pour nous toucher.

  8. Télérama
    par Aurélien Ferenczi

    Cracher dans la soupe est un art : Frédéric Beigbeder y a excellé ; Jan Kounen est moins adroit, ­encore fasciné par ce qu’il dénonce. Il ­foire ainsi tristement la pub détournée que trafique in fine notre pubard en un ultime et dérisoire geste salvateur : le spot se révèle aussi plat et inoffensif que si l’on s’obligeait à achever cette critique par les mots ­« crotte de film ». Ne comptez pas sur nous.