Toutes les critiques de L'Arche de Noé

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Ne vous fiez pas aux premières minutes de L’Arche de Noé. La cacophonie qui y règne fait dangereusement flirter avec la caricature la mise en place de la situation et des personnages. Ne vous y fiez pas mais n’arrivez pas pour autant en retard car elles donnent la clé du film. Cette idée qu’on va suivre cette plongée au cœur d’une association accueillant des jeunes LGBT jetés à la rue par leurs familles dans la tête d’Alex, que les aléas de la vie ont contraint à venir y bosser mais qui débarque avec une seule envie : se barrer au plus vite. Logique donc que ces ados ou jeunes adultes lui cassent la tête avant que, peu à peu, il s’intéresse à eux. La mise en scène de Bryan Marciano (dont la maîtrise épate pour un premier long) épouse ce point de vue, sa caméra d’abord très en mouvement se faisant de plus en plus fixe. Mais pour autant, ce récit n'a rien de programmatique. Marciano maîtrise son sujet et c’est précisément parce qu’il a passé du temps dans une de ces associations qu’il sait que chaque individu qui vient s’y réfugier est unique. Il arrive ici à en faire vivre une bonne douzaine avec une dextérité jamais pris en défaut. Il les rend attachants aussi bien parce qu’ils nous touchent que parce qu’ils nous agacent. Le tire- larmes est proscrit dans ce récit où quand la violence surgit, elle le fait brutalement. Finnegan Oldfield impressionne dans le rôle central tout comme Valérie Lemercier dans celui de la directrice de ce refuge, un rôle inhabituellement dramatique pour elle, par sa composition tout en épaisseur et nuances. A l’image du film tout entier.