Toutes les critiques de Soyez sympas, rembobinez

Les critiques de Première

  1. Première
    par Mathieu Carratier

    Au-delà de la comédie-concept, il a imaginé un film communautaire comme Spike Lee n'en a plus fait depuis Do the right thing. Un hymne vibrant à la création peuplé de fous à louer qui font de la science-fiction avec des guirlandes et des bouts de carton. Un film sur Michael Gondry, en somme, et sur tous ceux qui ont eu 12 ans et un camescope.

  2. Première
    par Veronique Le Bris

    Reconnaissons-le d'emblée: Gondry n'a rien perdu de son talent. Il sait filmer, le prouve et s'amuse avec dextérité et liberté à mélanger les textures, les qualités d'images... Mais au service de quoi? De rien, ou presque.

Les critiques de la Presse

  1. Télé 7 jours
    par Julien Barcilon

    Avec cette ode au 7e art d'une drôlerie irrésistible, il réussit la synthèse miraculeuse du film d'auteur et du divertissement populaire. Foisonnant d'inventions, de bidouillages merveilleux, de poésie et d'humanité aussi, ce bijou à la troupe 24 carats étrincelle de fantaisie. Il est libre, Michel : sa potion jubilatoire donne des ailes.

  2. Télérama
    par Juliette Bénabent

    Dans ce film brillant mais jamais prétentieux, Michel Gondry dessine ainsi sa vision d'une cinéphilie sans frontières ni tabous, où un patrimoine classique cohabite pacifiquement avec des films cultes de qualité variable, pour lesquels on est autorisé à éprouver une certaine tendresse. A l'image du jazzman Fats Waller, icône de la communauté de Passaic, dont le biopic amateur clôt le film en beauté, Gondry se glisse dans le costume d'un potache désinvolte, pour ciseler l'air de rien un bijou soigneusement maîtrisé, mêlant gaieté et nostalgie.

  3. Pariscope
    par Arno Gaillard

    Nous sommes à New York cette fois-ci, et comme toujours avec ce réalisateur, tout déborde d’idées visuelles et d’imagination. Comme si mille roses pourpres du Caire accompagnaient cette extravagante histoire de remakes et composaient un merveilleux bouquet de sentiments et d’émotions. Gondry, pour notre plus grande joie, chante avec génie dans son arbre généalogique, celui de la créativité et de l’humour. C’est un sale et énergique petit miston du cinématographe, un enfant de Méliès et Averty, Woody Allen et Charlie Chaplin. Un fou filmant avec ses images de bric et de broc, de braque aussi. Bref un univers surprenant, vraiment magique à l’air du numérique et de la 3D. Une ruée vers un autre cinéma qui nous propose de belles et généreuses idées afin de contrer un peu les industriels de nos temps modernes.

  4. Elle
    par Helena Villovitch

    Complètement tirée par les cheveux, cette idée n'en est pas moins extrêmement séduisante, et la réalisation terriblement emballante. C'est drôle, charmant, intelligent. Et comme toujours, enveloppé d'une infinie tendresse.

  5. Avec son scénario risqué, la dernière fantaisie de Michel Gondry est portée à bout de bras par son duo comique Jack Black/Mos Def. Jack l’auguste et Mos le clown blanc arrivent à insuffler une véritable énergie à des situations qui ressemblent aux clips youtube.
    Pour ce qui est de la mise en scène Gondry sombre dans l’auto-hommage avec ses habituelles silhouettes en cartons et ces décors de kermesse de fin d’année. Plaisir égoïste de réalisateur, Soyez sympas, rembobinez rassemble à l’évidence tout ce qui fait la Gondry’s touch, le tout filmé avec de petites longueurs. Malgré tout, les remakes des blockbusters version vidéo-club valent la peine qu’on s’y arrête.

  6. Fluctuat

    Le projet était attendu et avait tout de séduisant, mais on craignait quand même un peu la naïveté de Michel Gondry. On ne s'est pas trompé, Soyez sympas, rembobinez tient d'une fable morale et mignonne où un cinéma bricolé vient au secours de la réalité.
    - Exprimez-vous sur le forum cinémaIl y a au moins une chose qui mettra tout le monde d'accord avec Soyez sympas, rembobinez, c'est la traduction littérale mais quand même bien balourde de son titre original, Be Kind, Rewind, qui désigne l'incitation des vidéoclubs à leurs clients de rembobiner les VHS qu'ils ont louées. Pour le reste, le seul nom de Michel Gondry suffit d'emblée à attiser autant la curiosité que le scepticisme. Certes ses clips ont largement prouvé ses talents de plasticien, au cinéma on est plus hésitant : régression poussive, candeur complaisante, effets visuels aussi brillants que démonstratifs et parfois vains, bref du cinéma mécano qui voudrait reproduire la jubilation naïve des premiers temps mais qui repasse plutôt par la case maternelle. Ici, le projet s'inscrit dans cette même voie : retrouver la joie de la découverte d'un cinéma bricolé, puéril mais authentique dans son geste, et surtout fédérateur. D'où le rembobinez du titre (retour en arrière), pas si innocent que ça.Les remakes fauchésLe pitch donne autant envie qu'il laisse à craindre : suite au sabotage raté d'une centrale nucléaire, Jack Black est magnétisé et efface malgré lui le contenu des VHS d'un vidéoclub vétuste d'un quartier d'une petite ville du New Jersey. Pour compenser et répondre à la demande des clients, avec son pote Mos Def, ils décident de tourner des remakes fauchés des films de leur catalogue : Ghostbusters avec des guirlandes de Noël et des costumes en papier alu, Rush Hour 2 dans un jardin d'enfants, 2001 avec un frigidaire comme monolithe, etc (tout ça est rigolo un moment). Le succès est foudroyant, tout le quartier en raffole et participe volontiers au tournage. On comprend ainsi vite la motivation sous-jacente du film : la promotion d'une authenticité, perdue parce que noyée par le mercantilisme et le formatage des studios. C'est un peu la défense du petit commerce de proximité et de son artisanat contre la méchante industrie, ou la défense, naïve, de ce qui crée encore du lien social.Trip associatifMais derrière ce premier projet s'en cache un autre, dans la même lignée quoique plus nostalgique et surtout plus morale : sauver l'immeuble où se situe le vidéoclub de la démolition en rappelant à son quartier une de ses figures mythiques, un jazzman des années trente. Et pour ça, quelle meilleure idée qu'un film auquel chacun participe en imaginant la vie de ce nouveau héros ? Projet social donc, communautaire, pour souder l'ensemble de ses habitants à travers un atelier de cinéma qui finira dans un grand élan collectif et sentimental à la "frank capra" rec="0". Dans l'idée et les faits on n'est pas loin d'un trip associatif comme on en connaît beaucoup ici, le cinéma vu par la MJC du coin. Sauf que passer la déconnade des premiers remakes, où Gondry insiste encore sur ce côté cours de récrée (mais débarrassé volontairement de ses tours de force visuels), surgit une étrange vision où l'Histoire et le passé méritent d'être recomposés par la fiction pour sauver la réalité. Au détour d'un dialogue, « le passé nous appartient, on en fait ce qu'on veut », s'insinue alors la tentation d'un révisionnisme mignon et sans conséquence, mais bien réel.Le cinéma est à tousPour Gondry, le cinéma tient ainsi d'un bric à brac où la désacralisation des images est remplacée par une autre, tout aussi fausse mais plus salvatrice parce qu'elle prendrait la défense des petits contre les grands. Rembobinons donc, effaçons nos VHS, récrivons le passé pour revenir au vrai, ce qui a du « coeur », afin de mettre de côté, pour un moment, l'aveugle logique capitaliste qui voudrait détruire cette belle vie de quartier. Soyez sympas, rembobinez tient ainsi du conte, de la fable, et si dans l'idée on a rien contre cette grande promesse démocratique que veut défendre le film - le cinéma appartient à tous, chacun peut en faire une béquille du réel -, il faut avouer que les détours qu'il prend sont intéressants (réalité ou fiction, peu importe, seul le rêve compte), mais en définitive un peu trop puérils. D'autant que dans cette promotion à l'authentique et cette humeur bricolo d'un cinéma cheap se glisse une défaite esthétique dont la tendance latente nivelle dangereusement vers le bas. On veut bien croire que seul l'acte créatif compte et qu'il peut aider à vivre ensemble et nous comprendre, mais là, bizarrement, on a plutôt envie d'être seul. Soyez sympas, rembobinez
    De Michel Gondry
    Avec Jack Black, Mos Def, Danny Glover
    Sortie en salles le 5 mars 2008
    Illus. © EuropaCorp Distribution
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