Orange Studio Cinéma / UGC Distribution

Loin de la célébration triomphaliste, Otages à Entebbe est une réflexion sur une nouvelle forme de guerre, sur le sens de l'engagement, et sur le poids de l'Histoire.

Très au fait des prises d'otages (Onibus 174) et des tergiversations politiques sur l'utilisation de la force (Troupe d'élite), José Padilha paraissait tout indiqué pour évoquer avec Otages à Entebbe le détournement d'un avion d'Air France en 1976 par des terroristes palestiniens, provoquant l'intervention d'un commando israélien. Surprise, on est loin de la reconstitution musclée attendue, l'assaut lui-même étant réduit à une opération éclair, entrecoupée en montage parallèle d'images de danse, dont le rythme martial s'accorde étrangement avec l'action militaire. Les amateurs d'héroïsme guerrier se reporteront aux trois films opportunément réalisés dans les mois qui ont suivi l'événement (lire ci-dessous). En prenant de la distance avec les faits, le script de Gregory Burke (auteur de '71) tente d'exposer avec clarté les points de vue souvent confus des multiples participants (otages, terroristes, membres d'équipage, responsables politiques) d'une nouvelle forme de guerre encore plus pourrie que les précédentes. Autant les Palestiniens y apparaissent simples et déterminés, autant les motivations de leurs associés allemands d'extrême gauche (Daniel Brühl et Rosamund Pike) paraissent fragiles et ambiguës. Côté israélien, un autre conflit se joue au gouvernement, entre les partisans de la ligne dure (pas de négociation) et les plus prudents.

Relief
Le tout est traité avec une conscience aiguë du temps. Il y a le présent relatif, qui passe à toute vitesse pour les décideurs obligés d'agir dans l'urgence, mais dont la lenteur est un calvaire pour les otages (et accessoirement pour leurs gardiens). Mais il y a aussi le temps historique, celui qui donne du relief et du sens aux événements. L'un d'eux est révélateur sous son apparence anecdotique : le révolutionnaire joué par Daniel Brühl se rend compte avec horreur qu'une otage israélienne, rescapée des camps, est en train de revivre un même cauchemar à 35 ans d'écart : des Allemands persécutent des Juifs ! Un même effet de perspective signifiante a lieu lorsqu'il est précisé que le seul militaire tué au cours de l'opération était un certain Jonathan Netanyahou, dont le frère, 35 ans après, est devenu le Premier ministre controversé de l'état hébreu...