Cette semaine au cinéma, Jean Dujardin et Gilles Lellouche sont Infidèles, Liam Neeson explore Le territoire des loups et Elizabeth Olsen s'offre une nouvelle vie dans Martha  Marcy May Marlene.Choix n°1 : Les Infidèles de Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Emmanuelle Bercot... avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Guillaume Canet, Mathilda May, Géraldine Nakache, Alexandra Lamy...Synopsis : L’infidélité masculine et ses nombreuses variations, vues par 7 réalisateurs.L'avis de Première : Le prologue -signé Fred Cavayé- plante le décor. Avec l’énergie propre au réalisateur d’À bout portant (plans courts, urgence des situations), il décrit une engueulade homérique, une virée puis une baise entre potes bourrés et bourrins. L’influence de Bertrand Blier, sous la direction duquel Dujardin a tourné Le bruit des glaçons, est manifeste dans ce premier sketch salace et décomplexé, où s’exerce une misogynie féroce. Fidèles à leur promesse de comédie jusqu’au-boutiste, Dujardin et Lellouche, maîtres d’oeuvre de ce projet atypique, foncent tête baissée, ne craignant pas de se mettre à dos les pères la morale qui ne verront que grossièreté et provocation dans leur démarche –les mêmes avaient agoni Blier en son temps. Sous le vernis beauf, heureusement, de la substance. Par exemple, dans le sketch (réalisé par Hazanavicius) où Dujardin incarne un cadre looser, prêt à tout pour tirer un coup lors d’un séminaire de travail ; ou dans celui (signé Lartigau) qui voit Lellouche s’amouracher d’une jeunesse dévergondée. À chaque fois, la drôlerie de départ se teinte d’un malaise de plus en plus grand, voire dérangeant. Les deux larrons ont retenu la leçon non seulement de Blier mais aussi des grands maîtres italiens tels que Risi et Monicelli : plus la caricature est outrancière et plus les limites de la transgression sont repoussées, meilleure est la charge. Dans un film pareil, impossible pour les acteurs de se cacher. Dujardin et Lellouche, mais aussi Guillaume Canet ou le surprenant Manu Payet, donnent donc de leur personne avec une absence totale d’inhibition. La Palme revient à Jean Dujardin dont vous allez découvrir le côté obscur. Mais pas celui que vous croyez...Bande-annonce :  Choix n°2 : Le territoire des loups de Joe Carnahan avec Liam Neeson, James Badge Dale, Dallas Roberts...Synopsis : Lorsque l’avion transportant des employés d’une compagnie pétrolière s’écrase dans les territoires reculés du Grand Nord, les rares survivants savent que leur temps est compté. Entre le froid, les recherches impossibles et les loups qui les guettent déjà, ils ne s’en sortiront que par eux-mêmes.John Ottway a un passé suffisamment sombre pour savoir que dans leur périple, l’ennemi ne viendra pas seulement de l’extérieur. Dans l’incroyable odyssée qu’ils entament, les victimes ne tardent pas à se multiplier...L'avis de Première : Peut être parce qu’il nous a habitués à des films de genre (Narc, Mi$e à prix), on s’attendait bêtement à ce que le nouveau Joe Carnahan prenne la forme d’un survival viril où les rescapés du crash se font becqueter un à un par une meute de loups qui a les crocs avant que Liam Neeson ne leur rappelle qu’il a joué dans Taken. Dès les premiers plans, immédiatement habités, empreints d’une gravité qui prend direct à la gorge, il est clair que Carnahan a décidé d’explorer un tout autre Territoire. Lorsque l’un des passagers, éventré dans les décombres de l’avion, demande à Neeson ce qui se passe, il ne lui donne pas de réponse hollywoodienne. Non, il lui annonce simplement qu’il va mourir. La scène, déterminante, révèle la vraie nature d’un film dont le sujet ne sera jamais la lutte de ces hommes pour une utopique survie, mais comment chacun va devoir apprivoiser sa propre mortalité, se préparer pour le dernier souffle. En signant pour incarner le meneur du groupe, un chasseur hanté par le souvenir de sa femme disparue, Liam Neeson acceptait aussi de revivre sa propre tragédie (son épouse est décédée à la suite d’un accident de ski il y a 3 ans). La complexité de ce qui se passe dans son regard, cette invitation adressée à la caméra de sonder un abîme de douleur vertigineux, est presque un long métrage en soi. Oubliez les dérives récentes de sa filmo : l’acteur de La Liste de Schindler est de retour, et constitue la première raison de s’abandonner à cette fascinante danse macabre avec les loups.Bande-annonce :  Choix n°3 : Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin avec Elizabeth Olsen, Hugh Dancy, John Hawkes...Synopsis :Après avoir fui une secte et son charismatique leader, Martha tente de se reconstruire et de retrouver une vie normale. Elle cherche de l’aide auprès de sa soeur aînée Lucy et de son beau-frère avec qui elle n’avait plus de contacts, mais elle est incapable de leur avouer la vérité sur sa longue disparition. Martha est persuadée que son ancienne secte la pourchasse toujours.Les souvenirs qui la hantent se transforment alors en effrayante paranoïa et la frontière entre réalité et illusion se brouille peu à peu…Le film est présenté au sein de la sélection Un Certain Regard lors du Festival de Cannes 2011.L'avis de Première : Il y a plein de filles dans le titre du film, mais il n’y en a qu’une à l’écran pour les incarner tour à tour : Elizabeth Olsen, révélation lumineuse du premier long de Sean Durkin. Martha, Marcy May, ou Marlene, c’est donc elle, et elle seule, selon que le film choisit de nous la montrer aujourd’hui (alors qu’elle frappe à la porte de sa sœur après une disparition inexpliquée de deux ans) ou hier (quand elle vivotait dans une secte en esclave plus ou moins consentante). Hypnotique et étouffant, ce portrait kaléidoscopique d’une jeune fille paumée est construit selon un délicieux crescendo d’angoisse schizo à la Polanski. Une grande partie de la terreur qu’il distille est également due à l’excellent John Hawkes, qui peaufine ici, dans la peau d’un gourou polygame, le numéro de grand méchant loup white-trash qu’il tenait déjà dans Winter’s Bone. « La peur est le plus beau des sentiments », murmure-t-il à l’oreille des jeunes filles dans la nuit. L’inoubliable dernier plan du film, qui laisse les jambes coupées et la gorge méchamment nouée, ne dit pas autre chose.Bande-annonce :